Bathing at dusk ☿ Katarina

L'environnement d'Heartkiller était bien différent de ce à quoi j'étais habitué. Comme si ce monde m'était inconnu alors que je foulais la terre depuis bientôt six siècles...

La maison aseptisée n'avait que l'atelier de peinture pour m'occuper. Et c'était loin de me nourrir... Un manque que Jesper, mon cadet, m'avait assuré ne jamais ressentir à Heartkiller. Si la domestique que j'avais à mon service avait un sang des plus délicieux, je craignais deux choses : ne pas réussir à m'arrêter et la tuer - ce qui serait fort regrettable, m'étant habitué à cette petite - en boire tant qu'elle finirait par ne plus pouvoir faire son travail convenablement. Des issues que j'éloignai en décidant d'aller me repaître du sang d'humains égarés en cette nuit naissante.

Une forêt dense, contrariée par des êtres de notre nature ressemblant plus à des monstres que des vampires, mais aussi traversée par un bon nombre d'âmes humaines échouées. Les succubes et les incubes les chassaient pour les rapatrier dans la cité. La nuit me semblait propice à chasser pour mon propre compte. Et un repas sans égards. J'espérais tomber sur un homme vigoureux ou une femme bien dodue. Les enfants me dégoûtaient quelque peu, ce serait très désolant de ne trouver que ça...

Explorant par la même occasion les environs, je me dissimulais aux troncs et broussailles jusqu'à atteindre ces sources. Une chaleur en ressortait. Presque surnaturelle. Je m'approchai et entendis le frémissement des ondes aqueuses grâce à mon ouïe développée. Quelqu'un se baignait. M'avançant un peu plus, je localisai l'épicentre des sources et vins m'installer sur une petite roche en aplomb sur l'étendue d'eau.

Quelques longues secondes s'évaporèrent avant que le paramètre hasardeux ne daigne sortir la tête de l'eau. Une femme aux traits simples et à l'air dédaigneux d'ainsi voir ses ablutions troublées. Elle était habillée. Cela me fit sourire. Son regard cherchait quelqu'un, quelque chose. L'interrogation subite et sans curiosité sur ma personne me laissait comprendre que je n'étais pas la première personne qu'elle rencontrait sur l'île. Et peut-être pas le premier vampire. Ou peut-être ne savait-elle tout simplement pas ce que j'étais, ce que nous étions, sur cette île. « L'eau est bonne ? » Demandai-je simplement, sans menace ni ombre d'hostilité. Si seuls les rayons de l'astre nocturne venait lui accorder la vision, mes sens vampiriques me prêtaient la capacité de pouvoir la détailler même dans cette faible luminosité. Elle ne m'apparaissait pas très charnue...