a0. 2009 ☿ How I feel next to her ☿ Blanche

Trône renversée et raison égarée. Il me faut tenir, briser quelque chose en elle afin de l'éloigner de nous une bonne fois pour toute. J'aurais tant préféré n'avoir qu'à la tuer... La faire disparaître dans la nature à l'autre bout du monde sans que ça ne mette les vampires en porte-à-faux. Mais ils avaient été clairs sur la situation : elle devait retourner sur ses pas. Son père était à la tête d'une entreprise à la notoriété grandissante, sa mère une peintre à la renommée naissante. Bien des personnes seraient prêtes à faire tomber des têtes si elle venait à disparaître. En avait-elle conscience ?

Les pistes avaient été brouillées pour ses proches avec lesquels elle semblait ne pas avoir tant de contacts. Cet enlèvement n'avait d'impact que sur elle. Passées les négociations et le marchandage, la petite fleur semblait résignée. La peur faisait encore battre son cœur, suinter ses pores. Elle avait compris que lutter de front n'apporterait que mes coups. Que je n'hésiterai pas à la mater par la violence si elle me cherchait. Deux bonnes semaines s'étaient écoulées et comme à mon habitude, je montai les quelques marches insalubres menant à l'étage où elle était retenue.

Cette petite planque était une maison dont la construction avait été abandonnée. Une histoire de morts suite à un incendie durant la conception. Les fenêtres étaient recouverts de planches, cloisonnées. L'étage était un grand carré de béton et de briques. Des bâches et quelques tuyaux traînaient ci et là. Les objets contondants avaient été dégagés. Les nuits étaient froides, humides, les jours plus doux, d'une chaleur agréable pour ceux qui aimaient sentir les rayons du soleil sur leur peau. Aimait-elle ça ? La lumière du soleil ? Les lueurs matinales dessinant des couleurs impossible à reproduire, l'étreinte griffue de la chaleur de l'astre diurne. Le jour, j'étais particulièrement affaibli par le soleil. Si la bâtisse offrait un certain abri, la lumière qui s'infiltrait par les interstices des planches condamnant les fenêtres suffisait à me faire sentir plus vulnérable. Une sensation que j'abhorrais.

Je gravis les marches avec, sur le plat de ma main, une barquette de nourriture passée sur le réchaud. Des pommes de terres sorties d'une boîte de conserve, tout ce qu'il y avait de moins ragoûtant. Je n'étais pas un fin cuisinier et je n'allais pas m'échiner à pomponner une captive. Qu'elle s'estime heureuse de manger. Je n'avais pas encore eu cette chance. Cette nuit je n'avais trouvé qu'un malheureux écureuil et deux lapins. A se nourrir que de petites bestioles pendant deux semaines, mon appétit s'en retrouvait aiguisé... Supporter la présence de l'humaine m'était alors particulièrement difficile en ajoutant la lumière du jour à l'équation. Je m'approchai d'elle et me penchai pour laisser tomber la barquette à côté d'elle. Heureusement, sur la petite dizaine de ces pommes de terre rachitiques, seules deux vinrent rebondir hors du plat. Voulant m'assurer qu'elle mange, je m'assis en face. Une jambe tendue, une autre pliée sur laquelle je venais faire reposer mon bras. D'un signe de main, je l'invitai à se restaurer. Un bref coup d’œil à la bouteille d'eau laissée à ses côtés. Elle était loin d'être vide. « Tu dois boire », lui lançai-je d'un ton neutre avec ma voix sombre. Les humains ont besoin de boire ET de manger.

La petite fleur était calme. Trop calme. Je la regardais d'un air songeur. Ses gestes suivirent mes instructions alors que son regard fuyait. Le mien ne la lâchait pas. Je la trouvais étrange aujourd'hui. Loin de m'en formaliser, c'est à son merci que cela m'interpella. Ses yeux venant s'ancrer dans les miens pour articuler ce mot me firent froncer les sourcils. « Mange », me contentai-je de lui dire avec une fermeté l'invitant à la fermer.

D'un mouvement soudain, je me relevai et fis le tour de la grande pièce. Déplaçant une bâche, quelques vestiges des travaux abandonnés. J'observais les planches, veillant à ce qu'il n'y en manque pas. Une ronde en attendant qu'elle picore son assiette. Il n'y avait rien de suspect. Comme si, depuis hier, elle n'avait même pas bougé de place. Ne rien trouver ne signifiait pas que rien n'avait changé. Je peinais à croire que Blanche ait simplement accepté dans la nuit un fait imparable : son destin m'appartenait et elle ne pourrait rien faire pour lutter, quelque soit ma volonté.

Un futur qui ne semblait pas l'effrayer. Ce n'était pas le but ; elle devait avoir peur. « Ton père n'a toujours pas honoré sa part du marché », vins-je l'informer en revenant vers elle. Je la surplombais à rester debout à ses côtés. Une hauteur que je vins réduire en m'accroupissant. Un soupir expiré en la détaillant de près. « Tu as l'air d'être une fille sage et intelligente. Pourquoi ton géniteur continue-t-il à prendre le risque de te retrouver en petits morceaux ? » Lui demandai-je d'une voix basse avec une curiosité sincère. Comme si c'était ce qui me dérangeait le plus, qu'en soi, la découper ne serait pas un mauvais passage dans l'histoire. Ce qui n'était pas faux. La vu du sang, des bouts de chair, qu'ils soient animaux ou humains, n'avaient pas le pouvoir de m’écœurer. Au contraire.

Ma dextre vint abandonnée mon genou sur lequel elle prenait appui pour dégager du bout des doigts l'oreille gauche de l'ingénue. Je la frôlai dans une caresse. « Si j'avais une fille aussi belle, je ne risquerai pas de voir quelqu'un lui arracher sa petite oreille à la lame d'un couteau. Mais le gâchis, ça semble être une pratique courante dans votre pays. » Laissant plané un silence, j'attendais de voir les réponses qu'elle m'apporterait et l'impression que mes mots lui laisseraient. Loin de moi l'envie de devoir jouer de violence pour raviver la peur dans ses yeux, mais s'il le fallait, je serai prêt à lui arracher cette oreille à même les dents.

S'arrêtait-elle réellement au semblant d'un faux compliment ? Car si je pouvais lui prêter des traits assez passables pour une humaine, le but de ma remarque n'était pas là. Elle en était très loin. « La langue coupée, peut-être », lançai-je avec dédain.

Ma main quitta sa proximité pour venir chercher dans la poche arrière de mon jean un canif que je dépliai juste à côté de son visage. La lame s'inclina et fit se refléter le frêle rayon du soleil. « Qu'est-ce qui t'a fait te lever de si bonne humeur ce matin petite fleur ? » Lui demandai-je en venant poser l'extrémité de la lame sur sa joue. Mon regard était suspicieux et mes traits crispés. Loin d'être d'humeur à me montrer patient en ce jour. Ce manège me pesait et à mesure que les jours passaient, j'avais eu cette sensation de perdre de vue mon objectif. C'était mauvais, très mauvais, et je n'arrivais pas à savoir comment me sortir de là. Je devais lâcher l'affaire, trouver un autre moyen quitte à ce qu'elle y laisse plus que de simples plumes. Mais une voix en moi m'interdisait de le faire. Celle, trop lointaine, de Joan.

Impossible de m'assurer que l'enlèvement ait eu son effet. Impossible de savoir si cela suffirait à ce qu'elle abandonne ses recherches. La menacer directement ne fonctionnerait pas. C'était une journaliste. Et ce type d'humains était de la pire engeance. Ils fouinaient partout, se mêlaient de tout et se cachaient derrière un devoir d'information de la population. J'vous mettrais tout ça au feu... D'autant qu'à la douceur des contours de son visage, à la profondeur de ses yeux, on ne pouvait douter que cette femme soit un quelconque danger. Ses yeux que je ne lâchais pas. L'air sévère à, cependant, m'évader en pensées.

On ne devenait pas soudainement docile et résigné par un simple manque de sommeil. Au contraire. La réponse ne me convenait pas et j'appuyais un peu plus sur sa joue immaculée pour lui faire comprendre qu'elle ferait mieux de préciser sa pensée si elle ne voulait pas se retrouver perforée.

L'attente et le silence ne se firent pas très longs. D'un geste que je ne sus anticiper, Blanche vint presser sa joue contre la lame en inclinant sa tête pour s'assurer de s'écorcher le visage. Un sursaut de stupeur qui me fit reculer le couteau. Trop tard. Ses yeux se plantèrent à nouveau dans les miens. Elle-même paraissant incrédule face à son geste. Je fixai le sang ruisseler sur sa peau diaphane. Doux appel de la faim qui me tiraillait les tripes. Je la canalisai dans un élan tout autre que la découverte de mes crocs. Je la plaquai au mur avec violence, ma main à sa gorge. Ma dextre tenait encore le couteau mais vint se placer à son épaule pour me donner une prise indispensable à la suite. Laissant ses vêtements s'érafler au passage de son dos contre le mur, je la relevai jusqu'à ce qu'elle ne puisse que chercher le sol de la pointe de ses pieds.

Il me fallait lutter pour ne pas céder à l'envie de lécher ce sang et m'en repaître à planter mes canine dans son coup. Ni mes yeux, ni es crocs, ne laissèrent transparaître ma nature vampirique. Mon pouls s'accéléra, mais pas autant que le sien. Je le sentais pulser dans son cou que je tenais encore en prise. « Les insomnies te font tourner la carte ? Qu'est-ce qui t'a pris de faire ça ?! » J'aurais dû m'en foutre. Me contenter d'appuyer sa blessure, de la frapper ou encore de simplement me barrer. Mais j'étais en colère face à l'idée qu'elle érafle intentionnellement son visage. Joan avait un teint lacté dénué de marques. La pureté de sa peau jouait dans l'innocence qui berçait son aura. Blanche ne devait pas gâcher ça. Ma colère se lisait dans mes yeux. Mais ce n'était pas à cause de son audace. J'aurais préféré... il fallait qu'elle le croit... c'était à moi de décider de ses blessures, non à elle. Alors je continuais de la maintenir contre le mur, la forçant à me faire face, mon visage assez près du sien pour que je vienne sentir son souffle caresser mon visage. Chose que sa petite taille ne permettait pas lorsque nous étions l'un face à l'autre. La hauteur que je lui faisais prendre par cette simple prise n'avait rien de bien naturel... mais l'adrénaline m'empêchait d'en avoir conscience.

Ses frêles mains venaient accompagner les miennes dans le futile espoir de décourager mon étreinte. Risible réflexe d'humain ignorant. De sa gorge compressée s'échappèrent d'ineptes excuses aussi fades qu'illégitimes.

Ma colère rugît de plus belle lorsque l'humaine vint me rappeler qu'il fallait que je boive. Du sang. Son sang. Je la projetai contre le sol avec violence à sentir mes yeux virer au rouge. Avant qu'elle n'ait eu le temps de les voir, je me mis dos à elle. Il ne fallait pas que j'explose. De la maîtrise. C'est ce dont j'avais besoin. Une longue inspiration et une longue expiration. Je revins vers elle, restant d'aplomb à la conspuer du regard. « Qu'est-ce qui se manigance dans ta misérable petite tête pour dire de telles choses ? Réponds ! » M'écriai-je dans un tonnerre qui résonna dans toute la bâtisse.

Dans mon esprit, les idées allaient bon train. Essayant de repérer chaque instant où elle aurait pu comprendre. Chaque fois qu'elle aurait pu douter. J'avais passé des nuits à la guetter. Non pas pour veiller sur ses rêves mais pour m'enivrer d'une image que je savais pourtant disparue à jamais. Des gestes, j'en avais eu envers elle. Régulièrement fermes et sévères, mais rarement de cette violence. Parfois même, des élans de tendresse avaient pu m'échapper. Je ne considérais pas ces écarts de comportement comme des signes lui permettant de comprendre quoi que ce soit sur ma nature.

Je passais le plus clair de mon temps en ces lieux au rez-de-chaussée. M'absentais parfois une trentaine de minutes (la super-vitesse aidant à obtenir ce dont on avait besoin sans que cela ne prenne des plombes). Rien d'autre n'avait de quoi l'alerter. L'avais-je touchée un peu trop longtemps, si bien qu'elle devinait la fraîcheur de mon être ? Avais-je eu ce regard de braise aux teintes rougeâtres sans m'en être aperçu ? Ou peut-être... peut-être m'avait-elle aussi veillée du haut de sa misérable tour...

Un élan n'attendait que ce flou abstrait de réponse pour abattre le revers de ma main dans son si joli minois au sang aguicheur. Elle se reprend et comprend. S'explique et me fait hisser ma lèvre supérieure tant la colère m'étreint l'âme. Elle m'avait vu. Elle savait ce que j'étais. Une révélation qui devait lui coûter la vie. Il n'y avait aucune autre alternative. Il me fallait effacer sa mémoire, qu'elle oublie tout ce qui s'était passé.

Je me penchai sur elle et la saisit une nouvelle fois pour la relever et la plaquer contre le mur. Les dents serrées et la mâchoire crispée lui donnaient d'entrevoir le pire. Si Blanche savait, alors plus besoin de le cacher. Et ces pupilles se nimbèrent de rouge. Et ces lèvres s'écartèrent pour laisser sortir ces crocs. Et doucement ma bouche s'approche de la sienne. J'avais soif. Tellement soif... Je vins léger du bout de ma langue le sang encore chaud qui s'était écoulé sur sa joue avant de river mes yeux écarlate dans les siens, embrumés à la fois par la terreur et une fascination tant courante dans les yeux de ces victimes trop curieuses. « Tu n'aurais jamais dû le savoir », lui fis-je comprendre avant d'approcher un peu plus mes lèvres des siennes. J'effleurai ses lippes et sa peau si délicate, voyageant jusqu'à son cou que je vins percer de mes crocs avec sensualité.

Un délicieux repas m'attendait. Un dîner que j'avais tant attendu. Dont l'odeur m'avait tant alléché. Sans retenue mais une mesure toute calculée, je m'abreuvais de son sang. Une main quittant son épaule pour découvrir sa poitrine dérobée sous le fin vêtement qu'elle portait. En dessinant les contours, je vins presser son sein tout en collant mon corps au sien. Il y avait dans ce rite une luxure non négligeable que j'aimais partager avec mes victimes. Une animalité qui éveillait chez les humains des instincts primaires qu'ils s'échinaient tant à mettre de côté. Sous couvert de leur Morale et de leurs mœurs. Une bien pensance qui se révélait être mon Saint Graal. Venant descendre ma main pour relever son chemisier et soulever son soutien-gorge. Brisant le rempart d'une intimité bafouée sans que son avis n'ait été demandé.

Je m'en fichais. J'étais le prédateur et elle la proie. Elle s'était offerte à moi. Je prenais ce que je voulais.

Une pression ferme dans son cou, une assurance appuyée dans mes gestes, je sans son corps onduler lascivement contre le mien. Un appel au vice dont elle ne peut mesurer l'intensité. J'ai toujours aimé me nourrir dans le plaisir, une gourmandise qui m'était propre et parvenait à rendre le sang de mes victimes encore plus savoureux. Un repas de choix se dessinait à voir la petite fleur se prendre à cette danse. Un danger évident à voir à quel point je pouvais apprécier qu'elle ne me rejette et, au contraire, vienne caresser mon corps, loger ses doigts de fée dans mes cheveux blonds.De quoi rendre mon souffle haletant et décupler ce plaisir naissant.

Difficile de mentir lorsqu'on est un mâle. Certains signes ne savent tromper et dire qu'elle ne me faisait pas d'effet serait un mensonge purement éhonté. Cette brebis égarée, farouche même dans l'adversité, déterminée et tenace... Ce n'était pas une proie sans défense. Même si, face à moi, elle était objectivement en complète infériorité. Je l'avais observée tant de fois... de la voir ainsi perdre sa peur un instant avait chamboulé quelque chose en moi. La frayeur de ma violence et des preuves concernant ma nature n'avait su me freiner, gardant en tête l'image de son audace.

Mais Blanche avait beau sembler prendre du plaisir à cet échange sanguinolent, la raison parut l'arrêter, à essayer de reculer ma tête pour m'échapper de ses veines. Lui résister n'était pas compliqué. Ce fut alors par des mots qu'elle tenta de m'arracher à son cou. Son souffle entrecoupé d'une respiration aussi langoureuse que le vacillement de son corps m'accorda à faire une pause dans mon repas. Détachant mes crocs de sa chair, conservant une proximité malsaine entre elle et moi, même lorsque nos visages se retrouvèrent l'un face à l'autre. Mes lèvres suintaient de son sang et les siennes appelaient un plaisir bien humain.

Je ne me noyai dans ses yeux qu'un bref instant avant que mes pupilles rouges ne reviennent voyager sur sa bouche. Dans l'adrénaline de l'instant, je ne réfléchissais pas à notre situation, à l'après et ses conséquences. La gardant contre le mur, j'approchai mes canines de son visage, lui pinçant les lippes dans l'expiration d'un soupir lascif.

Je la voulais. Elle était à moi.

Mes lèvres vinrent se mêler aux siennes dans un baiser passionné qu'elle me rendit tel un accès au vice ultime le plus répugnant. Pourquoi en venir à partager cet instant avec celui qui la séquestrait depuis tant de temps ? La psychologie humaine méritait qu'on y consacre une éternité. Mais je n'avais pas dédié mon immortalité à comprendre, juste à profiter de ces bizarreries d'humains. Une main vint se loger dans ses cheveux, derrière sa tête et la forcer à ne pas m'échapper d'un seul millimètre alors que de l'autre, je venais déboutonner son pantalon pour y découvrir la chaleur de ses fesses. Qui d'ailleurs, étaient froides. Une fraîcheur à vous raviver les sens. Un râle étouffé par es lèvres m'éprit et je ne pus m'empêcher de revenir mordre sa chair de mes crocs.

Il ne fallait pas la tuer. Il ne fallait pas la tuer.

Le sang que je lui pris viendrait vite à lui manquer si je n'arrêtais pas. Ma faim était trop grande... trop grande pour un si petit corps. L'incandescence de son désir se faisait contagieux. Un appétit aux envies dépassant la gastronomie. Son appel était aussi puissant que le rugissement d'une lionne. De quoi embraser mes sens et forcer mon étreinte. La douce litanie de ses soupirs me faisait oublier les circonstances entourant cet échange.

Oublier que je devrais la tuer.

Oublier que je ne devrais pas le faire.

Impunément, j'entravais l'accord passé. Elle déboucla habilement ma ceinture avant de s'attaquer au bouton de mon pantalon. Et ses mains vinrent me parcourir le dos. Ses griffes m'électriser l'échine. Je ralentis la cadence de mon repas, sortant mes crocs de sa chair, venant lécher la morsure et remonter lentement jusqu'au lobe de son oreille alors que la proie me demandait de la posséder. « Tu ignores tout de ce que tu souhaites, brebis égarée », lui sifflai-je en venant mordiller son oreille. Une main parcourait ses fines courbes, l'autre venait serrer ses cheveux et incliner un peu plus sa tête en arrière. Le dos de ma main venant s'érafler à la pierre.

Mon visage quitta le creux de son oreille pour l'observer de ce regard prédateur au funeste présage. Son corps tremblait finement de cette excitation qui agitait son pouls. Délice charnel en seule aspiration. Loin de la peur et de l'angoisse. L'adrénaline de ses craintes s'était transformer en un moteur avide de l'endorphine promise. Même si rien ne lui était promis. Il était cependant clair dans ses yeux qu'elle savait ce qui l'attendait. Le fait qu'elle ne s'y oppose pas avait le goût amer d'une partie trop aisément gagnée, comme ça avait été très souvent le cas. Mais étrangement, cette docilité m'inspirait également un certain soulagement. Comme si le désir qui s'était cultivé au fil de ces derniers jours ne concernait pas uniquement ma faim, mais également son corps et les plaisirs qu'il me serait possible d'en retirer. Les plaisir que je pourrais lui faire ressentir.

Si dans mes gestes il n'y avait aucune passion autre que l'intensité du moment, je sentais une vague de chaleur me berçait le cœur. Cela ne parviendrait jamais à réchauffer mon épiderme, mais la sensation était si agréable... Une envie de douceur, de tendresse, de l'entendre gémir d'un plaisir coupable...

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Et alors je compris. Je compris ce que je désirais réellement et m'en détournai. Sans ménagement, je retirai ma main, la lestai de son chemisier que je déchirai sans vergogne et vins quérir la chaleur de sa poitrine. Mes gestes perdaient de leur sensualité pour exhiber ma bestialité. Loin de m'attarder sur ses suppliques, manquant d'arracher sa peau au passage de mes dents qui n'avaient qu'une aspiration : la dévorer. Littéralement. Jeu dangereux quand on voyait mes iris se mettre à pulser de ce rouge pourtant si caractéristique annonçant la morsure... Je descendis jusqu'à pouvoir baisser son pantalon. Sa culotte descendant avec lui. Je remontai ses cuisses de mes mains et à nouveau debout, je la retournai avec véhémence. Son visage plaqué contre le mur et mon bassin collé à son postérieur, j'approchai mes lèvres de son oreille. Les mots me manquaient autant que le souffle.

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Ce qu'elle n'était pas ou tout du moins, ne semblait pas être. Mais lui coller cette image m'aidait à ne pas placer cet instant sur un piédestal inconvenant. Ce n'était qu'une humaine. Et qui plus est un échec de mission. Je voulais qu'elle paye. Et même si l'amener vers l'orgasme n'était pas une méthode efficace pour punir une personne, je m'enfermais dans l'idée que cela me donnerait l'illusion que si, ça le serait avec elle.