Through an open door
L'incertitude m'habitait et les tumultes des lieux n'étaient qu'un sourd écho auquel je ne prêtais guère attention. Toutefois, le tenancier y prêtait une oreille et un regard soucieux. Si bien qu'à ma demande, il ne put faire autrement que m'intimer de patienter.
Un saut par-dessus le comptoir me fit m'écarter de deux bons pieds même si la marge semblait calculée. Me retournant vers l'action, c'est avec deux billes rondes que mes prunelles azurées observèrent la scène. La gifle parut résonner à travers la salle. La jeune femme embêtée et apeurée fut renvoyée d'un élan délicat vers le comptoir. D'un réflexe attentionné, je vins vers elle pour m'enquérir de son état. Saisissant ses mains tremblantes, je lui adressai un sourire bienveillant qui semblait la rassurer. Ou peut-être n'était-ce qu'un masque pour ne pas montrer sa vulnérabilité à une cliente. Les effusions de coups passés, la voix de l'aubergiste tonnant une dernière fois, la salle se calma enfin.
Le tenancier s'avança vers sa serveuse, s’enquérant à son tour de son état. Je me reculai d'un pas, les laissant à leur conversation. Mes yeux oscillaient entre les quelques ravages causés par l'altercation. De quoi me mettre mal à l'aise. Je n'avais jamais assisté à une bagarre de taverne et encore moins avec l'aubergiste comme protagoniste. Mais il était à apporter son crédit l'ardeur avec laquelle cet homme avait défendu son employée. Spectatrice des instructions qu'il donnait, je campais sur mes positions en attendant le point final de cette péripétie.
Revenant vers moi, l'aubergiste tenu à s'excuser, ce que j'accueillis d'un léger sourire. Après un regard porté sur sa salle, il vint à me demander si j'étais capable de suivre quelques instructions. Mes yeux s'écarquillèrent de surprise lorsqu'il me proposa de finir le service en échange d'une chambre pour la nuit. Quelque peu étonnée, je cillai à plusieurs reprises, sentant mon ventre se nouer d'une anxiété motrice. « Et bien je... oui, je trouve ça plus qu'honnête, N-naab. Vous pouvez m'appeler Inleif, je vais faire de mon mieux pour mériter cette hospitalité », répondis-je quelque peu intimidée mais enthousiaste face à cet arrangement. Si j'avais passé assez de temps dans l'auberge pour comprendre le travail qui m'attendait, je marquai un instant de pause à me retourner vers la salle impatiente. Soudain, chaque personne m'apparaissait différemment. Comme une horde prête à me demander monts et merveilles. Prenant une grande inspiration, je me tournai à nouveau vers le dit Naab. « Je commence par où ? » Demandai-je, un peu gênée. Ce travail n'aurait assurément rien à voir avec les champs...