Textes

Techniques de torture convenables, vol. 13
Par la duchesse de l'angoisse

Concentrez-vous sur l'échec

La douleur peut être un outil précieux dans la torture des mortels, mais elle présente un inconvénient majeur : elle est transitoire.
L'échec, lui, dure toute une éternité.

Au cours de leur brève existence, tous les mortels tentent un jour ou l'autre une activité qui dépasse leurs capacités physiques, dans l'espoir d'accéder à la grandeur. Les mortels appellent cette qualité "l'ambition". Les complications sont presque toujours des histoires d'épuisement, d'impatience, de mauvais calcul, ou simplement de malchance, ce qui donne parfois des échecs catastrophiques dans ces domaines. La honte et l'amertume liée à ces échecs s'imprime souvent à l'esprit d'un mortel, pour y rester gravées à jamais et les hanter jusqu'à la fin de leurs jours.

L'échec, produit naturel de l'ambition mortelle, peut donc être l'une des armes les plus puissantes de l'arsenal du tortionnaire.

Les mortels, de par leur généreux exercice du libre-arbitre, ne désirent pas qu'on leur rappelle leurs échecs ou leurs ambitions frustrées. Un rappel de ces échecs peut souvent avoir un effet dévastateur sur leur "fierté", qualité pitoyable qui campe la personne comme un être exalté et unique au sein d'un univers dénué de sens. Lorsque la fierté d'un mortel est affectée, toute autre qualité favorable dont il peur se prévaloir est diminuée à ses propres yeux. Il commence à se torturer lui-même.

L'un des moyens les plus élégants et les plus efficaces de briser l'esprit d'un mortel est donc la re-création constante et répétée d'événements qu'ils considèrent comme leurs échecs et manquement les plus flagrants. En soulignant, en exagérant et dans une certaine mesure en déformant ces événements, nous pouvons créer une situation où leurs propres doutes et frustrations se retournent contre eux et dévorent leur cœur et leur esprit.

Cela peut demander plus de temps et d'effort que la torture physique, un régime quotidien de ces scénarios d'échec finira par briser la volonté du sujet sans avoir besoin de faire couler le sang, activité génératrice de frais supplémentaires bien connus par le nettoyage des surfaces et l'élimination des corps desséchés.

Frapper avec des griffes de dragon

Nous sommes les Chevaliers-dragons.
Nous sommes les dragons.

Si vous nous attaquez, nous vous lacérons.
Si vous nous frappez, nous vous dévorons.
Si vous nous blessez, nous nous guérissons.
Si vous nous enragez, nous vous brûlons.
Si vous fuyez, nous vous rattrapons.

Vous ne pouvez gagner.
Nous ne perdons jamais.

Nous sommes les Chevaliers-dragons.
Nous sommes des dragons.

Droit d'asile

Un jeune garçon, héritier de de quelque riche maison, se rendit un jour sur la berge du lac avec ses parents, en vacances. Tandis que ses aînés savouraient un vin dans leur cave avec quelques hautains camarades, le garçon resta à jouer dans le sable et la boue. Il se sentait si triste de sa solitude, et partit en quête d'un ami.

Le garçon n'eut pas à chercher bien loin. Il trouva un canard merveilleusement bavard, qui lui raconta des histoires sur les lieux dont le garçon peinait seulement à rêver. Bien qu'il fît vite enchanté par ces histoires, le garçon en devint mélancolique, de ne jamais avoir l'occasion de voir par lui-même des endroits si merveilleux. Le canard rit, et le détrompa ! Ils pourraient en construire eux-mêmes !

Le garçon et le canard allèrent jusqu'à un îlot sur le lac, et ensemble, bâtirent une petite cabane de branchages et de sable. Cela les occupa une heure, jusqu'à ce que le canard suggère que cette cabane ne convenait pas pour le garçon. Il méritait un palais ! Un mortier de boue ne suffirait pas, mais l'un des adultes pourrait les aider.

Le garçon retourna au chalet, et trouva un noble qui était sorti pour se soulager, dans son ivresse, il fut facile au garçon de le convaincre de le suivre jusqu'à l'îlot, où le canard bondit et l'égorgea, pour utiliser son sang et sa chair comme mortier, et ses os comme charpente. Le garçon fut ravi, mais il voulait un palais plus grand !

Il retourna encore au chalet, et encore, et encore, pour ramener les benêts ivres et leur montrer son splendide palais. Encore et encore, le canard ajouta leurs membres au palais, dont les tours et les arches séchèrent pour devenir d'albâtre et d'or.

Lorsque les parents du garçon vinrent le chercher, il les mena voir cette splendide bâtisse sur le lac. Ils crièrent à s'en briser la voix et s'enfuirent, laissant le garçon seul avec le canard. Mais il n'était pas triste ! Ensemble, ils menèrent bombance sur l'île, jusqu'à ce que la brume l'avale, et l'emporte en une terre où la joie n'en finissait plus.