Lorem

Abandonnée trop tard, personne n'en voudrait. Une fille sans importance noyée dans la masse. Mais on lui trouva une place dans un orphelinat tenu par des bonnes sœurs. Elles n'avaient de bonnes que l'appellation... Les prières étaient ponctuées de maltraitances.

En grandissant, elle se rapprocha d'un homme d'Église. Une foi bien relative... il accueillait dans son foyer perdu dans les environs de Bílá des jeunes gens ne trouvant pas de famille pour les recueillir. Ils n'étaient pas nombreux. Conditionnés sous les mêmes préceptes que les sœurs, avec en prime une éducation visant à les rendre forts physiquement, mentalement, les façonner telles des armes de Dieu. Zdenka n'était pas baraquée. Elle encaissait la douleur, était assez forte pour se défendre. Mais pas des plus douées... une faiblesse cardiaque, une bombe prête à éclater. Poussée à bout, elle s'évanouissait.

Alors elle fut mise de côté. Apprenant à se battre à l'ombre des autres. Ne pouvant jamais sortir. Chargée de servir la maison et ceux qui s'en sortaient. Il y avait un autre gars. Pas bien vieux par rapport aux jeunes de la maison paumée de campagne. Tel un messager, apportant les bonnes et les mauvaises nouvelles. Un regard froid, presque terrifiant. À chaque fois qu'il venait, un des enfants partait, revenait quelques jours plus tard le regard changé. Intriguée par cette histoire, par ce messager à l'anglais d'un accent tranchant, elle ne manquait pas une occasion de l'observer dans entrebâillement de la porte.

Sous couvert du dieu argent qui en fait était le seul monarque vénéré dans cette maison perdue, on y formait des hommes de main. Sous quelle coupe ? Celle du plus offrant. Mais encore une fois, Zdenka ne faisait pas l'affaire. À chaque tentative de se rendre utile, de se mêler aux autres, elle était poussée jusqu'à ses derniers retranchements.

Déterminée, quand le messager revint, elle se proposa sans même savoir ce qui serait attendu du foyer qui la blanchissait et la nourrissait. Le père ordonna d'un simple claquement de doigts que l'intruse soit maîtrisée. Violentée devant le messager, ce dernier n'eut à faire qu'un mouvement vif pour saisir à la gorge celui qui venait de la frapper. « Touche-la encore une fois et ce sera la dernière chose que tu toucheras de ta vie. » Loin de connaître les œuvres de pop culture, la punchline eut son effet. Le garçon s'éloigna, tout comme le messager, sans un seul regard pour la jeune femme. « Elle ou personne. Demain, 4h. » Le père s'inclina à contre-cœur.

Le soir venu, il entra dans la chambre de Zdenka située au sous-sol. Seul un petit rectangle de verre crasseux donnait sur l'extérieur. Il la frappa, comme à chaque fois qu'elle désobéissait. Et elle pensait le mériter. Tout comme elle comprenait qu'il déboucle sa ceinture et vienne soulever sa tunique. Récitant les psaume que le père lui ordonnait, les vers s'entre-coupaient des gémissements causés par la douleur, par les à coups. Mais cette nuit-là, une fenêtre fut brisée. Des éclats venant s'échouer sur l'épaule de Zdenka. Il faisait nuit, trop sombre pour y voir quoi que ce soit. Tout ce qu'elle entendit fut le son étranglé du père à la gorge tranchée. La panique la saisit. Elle voulut l'arrêter, mais un violent coup dans le noir l’assomma.

Une lubie. Un choc électrique. Qu'était-il passé par al tête du messager à cet instant ? À son réveil, Zdenka ne put s'empêcher d'avoir peur, de lui en vouloir d'avoir tué son bienfaiteur. Elle pouvait partir, fuir, mais il lui assura qu'il n'y avait plus rien qui l'attendait à Bílá. Plus personne. Elle le crut sur parole sans chercher à avoir la moindre preuve, affrontant alors le choc d'un changement si brutal dans sa vie. Perdue, démunie, elle le vécut comme un choc qui raviva la fragilité de son cœur. Zdenka passa plusieurs jours affaiblie, blafarde. Mais une fois remise, le messager ne se permit nullement de la considérer par sa faiblesse, considérant que ce n'était qu'une lacune à combler.

Pour une fois alors, Zdenka ne se sentait pas comme la cinquième roue du carrosse. Elle se sentit considérée et estimée. Le regard prédateur de cet inconnu ne l'effrayait pas mais la rassurait, venant à vouloir se rapprocher de lui. Paniquant à la moindre pensée de le savoir loin d'elle ne serait-ce que quelques heures. À la façon dont il l'observait quand elle mangeait, dormait ou se doucher, Zdenka se sentit rapidement intime avec lui. Elle ignorait les penchants de ce dernier mais s'y plia comme si c'était tout ce qu'elle avait toujours connu. Sauf que contrairement aux sévices du couvent ou du foyer, sous les mains et la volonté du messager, elle prenait son pied...

Il tenta de la reconstruire, la garda près de lui dans ses déplacements jusqu'à atterrir aux États-Unis où il la rapprocha des Guardians. Zdenka est toujours décalée, toujours morcelée à l'intérieur. Mais il la canalise. Lui sert de repère. Bien que les Guardians se montrent méfiants et intrigués face à une telle recrue, Zdenka s'est taillé une place au Mystic Swan dans lequel le messager fut promu chef de la sécurité. Elle l'assiste en tant que gardienne, se faisant sévère et intransigeante face aux résidents forcés, froide et cinglante face aux Guests voulant braver l'ordre établi par les Guardians. Une gardienne qui peut tantôt être crainte, tantôt nourrir les fantasme des hommes voulant se servir de ce collier que le chef de la sécurité lui a mis au cou. Mais il ne faut pas croire... si Zdenka est totalement soumise à cet homme, elle ne cautionne pas que d'autres aient ce genre de comportements dominateur sur elle. Prête à se défendre bec et ongles, quelque soit le rang de celui qui l'importunerait.