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ax. Speak your mind, I will listen ▬ Mirhan

Vanka
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Vanka
   
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ax. Speak your mind, I will listen ▬ Mirhan K01CYJs

Face to face
Allégeance : Camp 3
Fonction : dsff
Champ 2 : zd
Speak your mind,
I will listen
Une aigreur au ventre. Intarissable effroi qui me hantait et décortiquait l'âme. Être forte, ne pas se laisser sombrer. Je pensais que le temps aiderait, mais ce n'était qu'illusoire. Âpre constat qui me rendait insupportable l'idée de partager une chambre avec d'autres. Où les yeux clos n'amenaient guère le sommeil, simples cauchemars et alertes me faisant tressaillir pour un rien. Un masque que je voulais porter pour ne pas laisser qui que ce soit m'atteindre. Ne pas afficher mes faiblesses. Les conseils de Goran portaient leur fruits et je souhaitais persévérer. Mais l'énergie que j'y dépensais était loin d'être suffisante... Je n'arrivais pas à tenir la distance, et ce n'était pas faute d'être endurante. Me refusant de compter les jours qui me séparaient de l'agression, préférant la taire dans un passé lointain, une vie que je n'avais pas vécue, de revoir le visage ensanglanté d'Aidan et toutes les conséquences qui en ont découlé.

Refoulant toutes ces horreurs, je ne réalisais pas que petit à petit mon cœur s'enraillait. Que de l'intérieur, le mal me rongeait. Même si Krymov parvenait à me faire sortir de mes gonds lors de nos entraînements, je commençais à me renfermer, à n'exploser qu'à moitié. Ne lâcher qu'au minimum ces tensions qui me tiraillaient. Dès lors qu'il semblait satisfait, je gardais le reste en moi. Ce n'était pas la peur de le blesser, ni la peur de me blesser. La question se tournait sur la façon dont je me percevais. Réduite à l'état d'objet, humiliée, esprit brisé dans un corps bafoué, je ne m'acceptais pas... je ne m'acceptais plus. Tout ce que j'avais pu faire ensuite, cette nuit ignorée avec Krymov et ces quelques instants où le Commandant tentait de me rassurer, ça n'avait pansé que des blessures superficielles. En aucun cas ça n'avait effacé ce qui s'était produit. À mon sens, c'était une quête légitime : effacer l'agression, l'oublier littéralement.

Si les restructurations, les travaux et autres ajustements fait pour palier au froid et à l'explosion avaient occupé une majeure partie de mon temps, il s'avérait que les entrepôts reprenaient leur fonctionnement. Nous avions terminé de rassembler toutes les denrées nécessitant des températures précises dans des blocs alimentés, trié le reste et fourni les équipements nécessaires pour les résidents, ça me laissait plus de temps libre. On ne viendrait plus me targuer de regards étranges parce que Wernher viendrait me faire quérir par un de ses hommes pour être à son service le temps de quelques heures. Nous n'avions plus à dépasser le couvre-feu pour faire ce qu'il y avait à faire. La situation se posait petit à petit. Tous paraissaient pouvoir respirer à nouveau, souffler quelques instants avant de reprendre le travail. J'en avais délaissé une promesse faite à Aerin ; à défaut de lui parler à elle, ou à qui que ce soit d'autre, je devais passer quelques séances avec ce spécialiste de l'esprit. Un psychologue. Étrange profession que celle de s'intéresser à ce qui se passe dans la tête des autres... venant de l'extérieur, c'était en tout cas une fonction bien insolite. Les problèmes de l'esprit n'avaient pas le temps d'être traités... on s'habituait aux choses dehors et ce que nous traversions nous laissait en vie ou nous faisait dépérir. Une sélection naturelle, un combat de chaque instant. On ne s'attardait pas à comprendre des maux de ce type, d'essayer de les guérir.

Ça restait une noble tâche, bien que je ne sois pas la meilleure à ce petit jeu qu'il insistait à me faire jouer : raconte-moi ce qui se passe dans ton esprit. Je n'étais pas à l'aise avec ce précepte. Pas le moins du monde. Mais la promesse faite à Aerin n'incluait pas de me dévoiler ainsi face à un inconnu. Seulement de jouer le jeu. Alors je m'étais contentée d'échanger des banalités. Des faits superficiels qui n'avaient pas de grande importance, évitant tous les sujets pouvant me rendre vulnérable : ma relation plus qu'étrange avec Goran, ce qui s'était passé avec Krymov, ce que Drake m'avait fait... En fait, même de mon passé, de choses qui n'auraient pourtant que peu d'impact ici, je ne disais rien. Ni ma sœur, ni Soren. Vaguement le drame qu'avait vécu mon groupe, la façon dont j'avais atterri ici. Mais ça restaient des informations qu'il pouvait trouver dans les archives de l'avant-poste sans problème.

J'observais une certaine appréhension à l'idée de me dévoiler à cet homme, comme à n'importe qui d'autre. Mais au travers des jours qui s'étaient écoulés depuis notre dernier rendez-vous, j'avais eu le temps de voir certaines idées mûrir. Seule, je n'arrivais objectivement à rien... Et ces nuits à ne dormir qu'à quelques intermittences, ça ne pouvait plus durer... Incapable d'en parler à Wernher, ne souhaitant lui ajouter le moindre poids, incapable de me livrer à qui que ce soit d'autre sans risquer que cela vienne à se retourner contre moi, j'avais les mains liées. Detiev serait sans doute la seule personne à qui il me serait donné de parler...

C'est alors qu'un nœud se tissa dans mon ventre quand je relançai un rendez-vous avec ce spécialiste. Le ressenti qu'il me provoquait était mauvais cependant je mettais ceci sur l'appréhension que j'observais face à ce qu'il représentait : une personne face à qui on devait mettre son esprit à nu. Si la pudeur n'était pas dans mes travers, je n'étais pas à l'aise à l'idée d'être vulnérable face à quelqu'un. Encore moins depuis ce qui m'était arrivé... J'avais retardé mon départ. Tension dans les muscles et mine préoccupée. Ça se voyait que je n'étais pas bien. Au-delà de la fatigue, du froid et des tourments auxquels je tendais à m'adapter sans jamais vraiment m'y faire. À la dernière minute, je m'étais ravisée. Faisant demi-tour pour retrouver un bloc que j'abhorrais. Rien que l'idée de me retrouver dans cette pièce me provoquait une crise d'angoisse. Alors une nouvelle fois, yeux humidifiés par les larmes qui me venaient, je revins sur mes pas pour rejoindre le centre médical où devait m'attendre le docteur Detiev.

Atteignant le centre, j'entrai et attendis que l'on vienne me chercher. C'est seulement après avoir eu le temps de me réchauffer un peu de la traversée des rues gelées que le le docteur apparu. Un sourire crispé se dessina sur mes lèvres. Je lisais déjà au travers de son regard comme l'étincelle d'une victoire qui m'était amère, pour une raison que je ne m'expliquais pas. Le docteur me salua, j'en fis de même par ce simple sourire sans échapper de sonorités entre mes lèvres. J'entrai à la porte qui s'ouvrait avant de lui répondre. « Ça va, juste fatiguée », lançai-je d'un ton pourtant peu convainquant.
@"Mirhan Detiev"