Semblant être capable de conserver son optimisme et son sourire en toute circonstance, Slown s'installa en justifiant son allure par cette nouvelle qui la réjouissait : la venue d'une pouliche. Je cillai avant d'expirer un léger rire. Une naissance, animale ou humaine, était toujours émerveillant. Voir le cycle de la vie se perpétrer, la vie suivre son cours. Silencieusement, depuis ces mois passés avec Hécate, je m'étais bien souvent laisser prendre à penser justement à cette vie. Qu'elle soit vécue ou donnée. Si pour beaucoup cela semblait être un luxe ou au contraire un caprice égoïste, l'idée de voir mes yeux ou ceux d'Hécate au travers d'un enfant me paraissait être de l'ordre du besoin. Une pensée qui ne pouvait cependant pas avoir sa place dans mon esprit, dans notre monde... « C'est une très bonne nouvelle », me contentai-je de dire à voix basse en m'installant en face de Slown.
Posant mes bras sur le bureau, je me penchai vers elle, le regard légèrement distrait. Non pas part elle, mais par toutes ces préoccupations qui venaient flouer ma réflexion de l'instant. Bien trop de choses devaient être gérées et faire le vide pour se concentrer sur l'une d'elle n'était pas chose aisée. Quoi que l'on puisse dire, je n'étais pas un robot conditionné pour sa tâche. Si mon éducation militaire me poussait à ne jamais abandonner une mission et à tout faire pour remplir le moindre objectif, je n'en restais pas moins humain avec tous les défauts que ça impliquait. Comme l'incapacité d'être partout et nulle part à la fois...
Je pris une inspiration avant de passer ma main sur mon visage pour me recentrer sur l'entretien. « Tu es parmi nous depuis un certain temps Slown et je pense qu'il est temps de parler de la suite des événements. J'ai parlé à quelques personnes que tu as été amenée à fréquenter depuis ton arrivée. J'aimerai savoir, de ton point de vue, quelles personnes ont su t'intéresser, les amis que tu as pu te faire, tout comme les personnes avec qui tu t'entendrais moins bien ou de qui tu es plus intime », la questionnai-je simplement. Ce n'était pas une inquisition ni le jugement de la vie qu'elle avait mené durant ces dernières semaines. Il s'agissait plus d'une prise de température, de savoir si à Steros, elle avait trouvé ce que tout être humain est en droit de prétendre mériter. Et puis on ne plaisait jamais à tout le monde, s'il y avait des personnes qui ne l'appréciaient guère, je voulais pouvoir regarder ça de plus prêt. Un côté paternel que je conservais envers toutes les personnes que j'avais aidé à intégrer au campement.