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Adèl • Keep your eyes open.

Ambre
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Crédits : design by swan
keep your eyes open

Kaela  & Adèl

510eme hiver.

 

Arpenter les rues de Corona était l'un des moments que Kaela préférait, l'un des seuls qui lui permettait de sortir de la demeure Ferenbach et d'oublier, l’espace d'un instant, l'enfer qu'elle y vivait. La lune laissait tranquillement sa place au soleil levant, la demeure était calme en cet instant, la jeune femme était la seule à être encore éveillée. Ses employeurs dormaient dans des chambres séparées, à l'opposé l'une de l'autre. Les tensions de la demeure étaient palpables, Kaela ne désirait qu'une chose: en sortir. Elle prit le temps de se faire un brin de toilette, sachant pertinemment qu'ils n'allaient pas se lever ci-tôt. Elle avait devant elle, deux bons tours de cadrant, avant que l'un d'eux n'ouvre un œil et la sonne pour ses tâches habituelles. Monsieur avait bu beaucoup de vin hier, constata-t-elle en entrant dans le petit salon, sur la table de celui-ci se trouvait une coupe ainsi qu'une bouteille vide, bouteille qui n'était pas ouverte hier encore. Madame avait du s'exiler dans ses appartements pour écrire des lettres que Kaela soupçonnait être pour ses amants. Il n'était pas encore de notoriété publique que Madame Ferenbach trompait Monsieur, mais la jeune femme ne doutait pas que la nouvelle se saurait bien vite. Elle soupira tout en ramassant la bouteille et la coupe pour les emmener jusque dans la cuisine, elle qui était pourtant à jour dans la vaisselle allait devoir frotter ce matin encore. Kaela n'avait pas dormi, elle avait passé une partie de la nuit à repriser les vêtements des Ferenbach, plusieurs chemises de monsieur ainsi que longue robe que madame avait entaillé sur toute la longueur. Elle qui ne faisait pourtant rien, à part se lever et rouspéter sur Kaela, la belle rousse se demandait bien comment l'épouse avait pu abîmer de la sorte cette tenue. Elle soupçonnait cependant que Madame ne le fasse exprès afin d'ajouter du travaille à sa domestique.  

L'autre partie de sa nuit avait été consacrée au cirage de souliers et bottes ainsi qu'au nettoyage des outils du docteur. Une fois que Kaela eut terminé son ouvrage, elle avait constaté avec amertume que le soleil était sur le point de se lever, une autre journée allait s’entamer et elle n'aurait le temps dormir. C'est ainsi qu'elle se retrouva, les mains dans une bassine d'eau gelée à nettoyer la coupe en cristal dans laquelle le docteur avait bu la veille au soir. Elle s'autorisa un verre de lait, celui-ci n'était plus très frais et lui il faudrait en racheter pour le petit déjeuné de madame, qui ne jurait que par celui-ci. Kaela sortit finalement de la cuisine et s'arrêta dans le hall d'entrée, elle noua sa crinière rousse en une longue tresse qui lui tombait sur l'épaule, enfila ses souliers, secoua les pans de sa robe. Celle-ci était faite d'un lainage couleur crème qui mettait en valeur ses courbes, étant proche du corps -mais non moulante- sur son buste, et devenait plus évasé sur le bas. Kaela ne possédait pas de bijou ni de ruban pour égailler ses cheveux, à bien y réfléchir, cela aurait été inutile. Sa crinière était d'un roux flamboyant qui faisait ressortir son teint pâle et ses traits fins, souvent ornés de cernes bleutées et parfois même, d’hématomes. La jeune femme noua la bourse qui lui avait été confiée à sa ceinture, elle prit son panier fait d'osier et enfila sa seule et unique cape. Celle-ci n'était ni belle, ni chaude, Kaela avait tenté de la couper de sorte à ce qu'elle tombe correctement sur ses épaules afin de les lui couvrir en cas de grand froid, mais rien n'y faisait, l'étoffe était d'une telle mauvaise qualité que le tissu tirait à chaque couture.

En poussant doucement la lourde porte de la demeure, la jeune femme se rendit compte de son état de fatigue alors que ses jambes semblaient disparaître sous son poids, il fallait avouer qu'elle n'était pourtant pas bien épaisse. S'accrochant à la poignet, elle resta un instant immobile, puis une fois que ses membres inférieurs eurent terminé de la torturer, elle ferma avec une extrême délicatesse la lourde porte de bois et prit le chemin du marcher. Celui-ci se trouvait à plusieurs minutes de marche de la demeure Ferenbach. Kaela ne savait pas monter à cheval, elle n'y était par ailleurs pas autorisée, ses trajets quotidiens se faisaient donc à pied, malgré le vent, le froid ou la pluie. Elle descendit la côte sur laquelle était postée le quartier bourgeois pour rejoindre celui des commerces. Il y avait déjà de l'agitation malgré l'heure matinale. Le soleil frappait doucement sur son visage, réchauffant ainsi ses pommettes pour son plus grand plaisir. Kaela s'enquit rapidement de trouver les commerces qu'elle visitait d'habitude, elle plaça deux bouteilles de lait dans son panier et échangea celles-ci contre les quelques couronnes qu'elle possédait. La jeune femme s’efforça à compter celles-ci, mais sa fatigue l'empêchait d'être parfaitement lucide, elle laissa tomber et se dirigea dans un autre commerce, remerciant d'un signe tête le crémier. Malgré elle, la jeune femme sentait ses paupières tomber un peu plus à chaque pas, cela devenait de plus en plus difficile pour elle d'arpenter les rues, elle qui appréciait pourtant énormément de visiter celles-ci chaque jour. Levant sa main libre jusqu'à sa bouche, elle laissa échapper un long bâillement. Ses yeux décidèrent de se fermer à cet instant, rien qu'une seconde, mais cela fut suffisant pour qu'une catastrophe advienne. Elle se sentit bousculée, puis basculée. Quelqu'un venait de la renverser. Une des bouteilles de lait s'échappa du panier et termina sa fuite en une petite dizaine de morceaux, au sol. Interdite, Kaela observa le liquide blanc se déverser sur les pavés. Prenant cependant conscience qu'une personne était toujours  là, près d'elle, elle marmonna ces quelques mots avant de lever la tête pour voir qui lui faisait face, et surtout, voir qui était la personne qui venait sans doute de rendre sa journée plus compliquée qu'elle ne pourrait le supporter. « Pardon, je n'ai pas fait attention. »

Réservé.   - 1065 mots.